• La nomination récente de "Spiris le souffle de l'infini" parmi les titres de la sélection du Prix Rosny Ainé 2010 offre l'occasion de parler à nouveau de Pierre Louis Besombes, un des auteurs sans doute les moins connus du palmarès, et de son œuvre éditée aux éditions Quintessence.

    Bonjour. Tout d'abord, un grand merci à vous d'accepter cette interview pour Psychovision.

    Votre bibliographie se compose aujourd'hui de trois romans édités chez une maison d'édition (Quintessence) dont le catalogue se compose principalement de livres abordant (pour utiliser un raccourci) "la recherche du bien être".

    Les aventures de Spiris ne dénotent aucunement de cette ligne éditoriale. Pouvez-vous après vous êtes présenté brièvement, la genèse de Spiris?


    Bonjour à tous les lecteurs de Psychovision.net. J'habite dans le sud de la France, près de Marseille. J'exerce la profession d'analyste de marché dans une société de haute technologie. En dehors de mon travail, je suis passionné par beaucoup de thèmes tels que l'archéologie, l'astronomie, la mythologie ou l'histoire des civilisations de l'antiquité. Il en est une autre qui me cheville au corps, c'est celle des lettres. Car la lecture comme l'écriture demeurent encore un des domaines où notre esprit garde tout son pouvoir d'imagination. J'adore créer des histoires et des univers fantastiques. J'écrivais des contes et des nouvelles, jusqu'à ce qu'un jour, je ressente le besoin impérieux d'écrire une épopée imaginaire. J'ai alors créé ce personnage Spiris, surgit du néant ou du passé ? Car l'histoire se passe avant le déluge. Je pourrais vous raconter les mythes relatifs au déluge. C'est le mythe le plus répandu sur terre, mais j'y reviendrai plus tard.

    Spiris, orphelin, est recueilli par un clan de bohémiens. Il va être chassé de son clan par un oracle, pousser comme une mauvaise herbe, jusqu'à ce que sur son chemin il rencontre des mages mystérieux, gardiens du secret de la résurrection des morts. Ce personnage s'affirmait au fur et à mesure des pages et prenait vie sous mes yeux. Lorsque je le délaissai trop de temps il revenait à moi, dans mes pensées avec insistance. Dans mon sommeil, par des songes, dans ma vie, par des signes. Comme s'il avait décidé de ne me laisser aucun répit. Cela ressemblait quelque part à une souffrance. Ce fut une aventure dévoreuse de temps et d'énergie. Il m'a fallu huit années pour écrire cette trilogie.

    Maintenant j'ai l'impression de ne plus être sous l'emprise ou le pouvoir de mon personnage. J'ai la sensation d'avoir accompli ce qu'il m'avait demandé. Je sais qu'il vit désormais à travers ses lecteurs. Certains m'ont rapporté avoir cherché cette fameuse pierre qui chante, d'autres essaient de mettre en pratique sa philosophie de vie, d'autres portent symboliquement son nom... Dans mon dernier ouvrage, "Les Coïncidences Fantastiques de Spiris", je relate la genèse de la trilogie et rapporte les étonnantes coïncidences qui se sont succédées pendant son écriture. Comme si le hasard avait un sens...


    Avez-vous dés le début imaginez de faire évoluer votre héros dans un monde habité par exemple d'énergies telluriques? Est-ce pour coller aux croyances antiques ou une croyance personnelle?


    De nombreuses civilisations de l'antiquité enseignaient que tout était relié. "Tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas". En d'autres termes, tout ce qui est au ciel trouve son reflet sur terre. Il existait pour les anciens des routes du ciel et des routes terrestres. Ces routes du ciel se retrouvaient dans les constellations et trouvaient leur pendant sur terre. Prenons l'exemple des Wisigoths, le peuple qui marche vers l'Ouest (Westgoten), vers le soleil couchant. Ils ont poursuivi une route qui les a mené d'Europe centrale, en Grèce, en Italie, en France pour arriver jusqu'en Espagne. Ils suivaient une voie céleste, la voie lactée, d'est en ouest, qui épousait une voie terrestre. Ils ont ainsi poursuivi leur chemin jusqu'au Finisterre espagnol, là où le soleil se couche. En creusant ce sillon, il est probable que ces Wisigoths aient donné naissance, sans le savoir, au premier grand chemin de la chrétienté, celui d'El Camino, le chemin de Santiago de Compostella. Le Champ des Etoiles. Les pèlerins du Moyen-Age, dépassaient Santiago et allaient jusqu'à l'océan. Les marcheurs de Compostelle mettent leurs pas là où les ont précédés des milliers d'autres pélerins. Ils connaissent la force de ce chemin. Sur ces routes telluriques, des menhirs sont parfois dressés en des endroits précis pour rendre hommage aux divinités et peut-être lier le haut et le bas ? Spiris se guide à travers des constellations et la configuration du sol. Je n'ai pas de croyance personnelle au sujet de ces énergies telluriques, juste des ressentis. Certains lieux sont plus magiques que d'autres, non ? Ils dégagent une force et une beauté particulière. Et je suis sûr que vous avez déjà ressenti cela Ludovic.

    Les animaux sont capables de se guider en fonction du magnétisme terrestre, tels les oiseaux migrateurs. Les hommes n'ont pas ce savoir. On l'a vu lors du tsunami de 2004. Seuls les animaux avaient anticipé la catastrophe. Est-ce que les anciens possédaient ce don ? Nul ne le sait. Maintenant nous ne savons même plus lire la langue des étoiles parce qu'elle ne nous est plus nécessaire. Nous avons notre GPS. Pourtant, nous avons besoin de notre bonne étoile. Nous venons de là, car ce sont nos racines. Nous sommes issus des étoiles, de ces poussières d'étoiles tractées par les vents solaires et qui viennent ensemencer les planètes. Notre matière est la même, même si nous ne sommes vraiment... que des poussières d'étoiles.


    Le moins que l'on puisse dire c'est que votre style est (je trouve) des plus épurés, vos personnages évoluent dans un univers avec une faune et une flore réduits à peu d'éléments, ce qui dénote des récits classiques de fantasy où les détails affluent alimentés par l'imaginaire.

    Quelles ont été vos sources d'inspiration (passées et présentes)?

    J'aime aller à l'essentiel, ne pas m'encombrer de trop de détails. Aller directement dans le vif du sujet. Je pense que le début du tome 1 était un peu long à se mettre en action même si Spiris connaît son lot d'épreuves lors de l'enseignement de son maître Karan. Avec la réédition de "Spiris, le Chant de la Pierre" prévue pour début juin 2010 j'ai réécrit certains passages. Les tome 2 et 3 vont plus à l'essentiel et sont peut-être plus percutants. Mais aucune préférence claire ne se dégage. Il y a des lecteurs qui préfèrent le premier volume, d'autres le 2 ou le 3.

    Cette histoire de Spiris nous ramène au temps du déluge, avant les civilisations connues de l'antiquité. Je me suis inspiré des traditions Egyptiennes, Sumériennes, grecques en écumant les Musées et les sites antiques. Le mythe du déluge le plus ancien n'est pas celui que l'on croit avec Noé mais celui d'Utnapishtim à Sumer. Les Dogons ont également leur Noé avec Nommo. C'est le mythe le plus répandu au monde comme si quelque chose s'était vraiment passé il y a très longtemps et était resté ancré dans la mémoire de l'humanité. Mais parfois, il n'est pas besoin d'aller si loin. Sous nos pieds résident encore des vestiges d'anciennes citées perdues. Je veux parler de nos ancêtres les Gaulois ou les Celtes. Une de leurs légendes veut qu'un de leur héros, le fameux Hu-Gadarn ait été le sauveur de l'humanité, en terrassant le dragon qui a provoqué le déluge. Il n'y a qu'à grimper sur les collines, où se situaient leurs oppida, leurs villages fortifiés, pour aussitôt imaginer leur univers empreint de légendes et de mythes.

    J'ai souhaité écrire Spiris pour répondre à cet appel intérieur et impérieux de coucher par écrit ce monde mystérieux. Je ne savais pas où j'allais, ni comment aller se finir cette saga. J'écrivais sans plan, en découvrant au fur et à mesure de chaque page, un peu comme le fait le lecteur, ce qui se passait. Même au dernier chapitre de la trilogie je n'avais aucune idée sur le final de cette aventure. Mais je vous vois venir Ludovic, je ne vous mettrais pas sur la piste.

    Pour quel type de lecteurs avez-vous écrit Spiris? Quels sont finalement vos lecteurs (plus adolescents, qu'adultes?).

    Non, je n'avais pas en tête l'idée de plaire à tel ou tel lectorat. Mais j'ai été étonné de voir que beaucoup d'ados, voir des pré-ados et des moins jeunes adoraient les aventures de Spiris. Cette découverte a été pour moi un vrai bonheur. De jeunes lecteurs italiens me disent que Spiris est un livre "fantastique" et attendent avec impatience la suite mais seul le tome I a été traduit...


    On ne peut nier un certain engouement pour votre héros, on peut voir dans le troisième tome l'ébauche d'une planche de bande dessinée, celle-ci vient s'ajouter à différentes illustrations très variées. Ces trois premiers romans mettant en scène Spiris auront-il une suite sous une forme ou une autre? Avez-vous d'autres projets?


    Je vais publier très prochainement (début juin 2010) une chronique sur la trilogie intitulée "Les Coïncidences Fantastiques de Spiris". Même si beaucoup de lecteurs me demandent de continuer la série, je n'ai pour l'instant reçu aucune indication, aucun "appel" de Spiris en ce sens (rires). Donc il est possible que je m'oriente vers une BD. Le tout est de trouver un bon illustrateur. Là, c'est moi qui passe un "appel".

    Spiris, outre le fait d'arriver à dépasser sa triste condition (enfant esclave), se caractérise également par le fait qu'il surmonte un handicap physique (on lui a coupé la main), il est devenu je crois une sorte de symbole. Pouvez-vous nous en parler?

    Vous dévoilez une partie de ce qui se passe dans les premiers chapitres du tome I. C'est vrai qu'il lui arrive beaucoup de misères à ce héros. Mais il va les surmonter à force de courage et d'abnégation. Un peu candide et naïf au début, il va s'affirmer peu à peu jusqu'à devenir un maître, puis un guide pour de nombreuses personnes. Son chemin a été fait de ténèbres, de pénombre, puis d'éclaircies. En parlant de handicap physique, vous faites aussi allusion à l'association Robin Richard pour laquelle je me bats. Cet ado a été foudroyé il y a trois ans. C'était une coïncidence malheureuse et tragique. C'était le 30 mars 2007, je venais présenter dans son collège et sa classe de 4° le livre "Spiris, le Faiseur de Foudre" afin que les élèves choisissent la couverture entre plusieurs illustrateurs. Le garçon avait été foudroyé la veille en classe nature et les élèves venaient juste de l'apprendre. Robin ne peut toujours pas bouger ses deux bras. Ni ses deux jambes. Ni parler mais il avance. Il progresse. Il se bats. Il aurait dû mourir mais il est sorti du coma. Son cas est unique en France et la médecine n'est pas très avancée sur le sujet. Ils sont un peu désemparés. Comme ses parents qui recherchent toute bonne volonté pour les aider. Nous sommes parfois ballotés et abattus par les épreuves de la vie. Mais l'espoir et la solidarité des hommes peuvent tout. Seuls nous ne sommes rien, ensemble nous sommes tout.


    A propos de cette interview:

    - Site de la série: http://spiris.kazeo.com

    - Site de l'association Robin Richard: http://asso.robinrichard.free.fr/

    - Chronique du tome 1 "Spiris - Le chant de la pierre"

    - Chronique du tome 2 "Spiris 2 - Le faiseur de foudre"

    - Chronique du tome 3 "Spiris le souffle de l'infini"


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  • Psychovision.net

    Après la destruction de Maldaran la capitale de l’empire et la disparition de sa bien-aimée, Spiris a trouvé refuge dans une grotte où il vit en ermite.
    Sa renommée et les pouvoirs miraculeux qu’on lui prête amènent une foule de fidèles à camper prêt de l’endroit où il désespère de retrouver un jour Leylane.
    La visite de sa "sœur" Lutha, seule rescapée du massacre du clan de bohémiens qui l’a élevé (cf "Spiris, le chant de la pierre"), l'amène à reprendre conscience de ce qui se passe autour de lui. C'est à ce moment que revient Namaskina, avec qui il a suivi l'enseignement de Selhk ("Spiris, le faiseur de foudre"), et qui était reparti voir les membres de sa famille.
    Spiris se refuse dans un premier temps à répondre aux demandes diverses de ses adorateurs puis cède finalement sous les yeux des deux femmes qui lui prédisent une destinée plus glorieuse que celle à laquelle il aspire. Tous ensemble, ils forment une communauté qui bientôt devra faire face à la menace du grand ordonnateur et au souffle infini!

    Pierre-Louis Besombes crée la surprise avec ce troisième tome des aventures de Spiris.
    Contre toutes attentes son héros, jusqu'ici assez solitaire, se voit projeté à la tête d'un groupe d'hommes, de femmes et d'enfants dans une épopée à la démesure digne de l'ancien testament!
    La tentative avortée d'Elrad, le mage maléfique, à devenir un dieu grâce à la machine des tankaris, le Vaghar, a provoqué la colère des démiurges.
    L'ancien maître de Spiris devenu son ennemi n'a pas renoncé à ses projets de devenir omnipotent et risque fort de croiser de nouveau le chemin de son élève alors que les éléments se déchaînent!
    Les disciples du jeune homme qui a perdu ses pouvoirs lors d'un voyage dans "l'au-delà", représentent un des seuls espoirs de l'humanité. Mais le doute et les dissensions en leur sein existent!
    La bienveillance de Leylane emprisonnée "chez les dieux" et que Spiris a brièvement croisé suffira-t-elle à le soutenir dans son périple? La retrouvera-t-il un jour?
    Toutes les réponses se trouvent dans ce nouveau volet (le meilleur de la série à mon avis) qui se révèle rien moins que trépidant et riche en réflexions et interrogations ésotériques.
    L'histoire reprend en effet un mythe commun à de nombreuses civilisations antiques. Les résumés des deux précédentes parties et la structure du récit en lui-même n'empêchent pas de lire "Spiris et le souffle infini" de façon autonome.
    Les lecteurs qui auront suivi ses mésaventures depuis le commencement et dont je fais partie, regretteront de ne pas rester un peu plus longtemps en compagnie de l'héritier des tankaris dans un univers fantasy très différent par son originalité des autres du genre, et qu'ils avaient fini par adopter.

    Force est de reconnaître qu'au fil des pages, on a finit par s'attacher au personnage principal que l'on a vu mûrir au fil de son apprentissage et de son fascinant destin.
    Ce dernier volet ne manque pas d'illustrations en tout genre qui nous immergent un peu plus au sein d'un environnement que le style minimaliste de l'auteur permettait difficilement d'appréhender par moment.
    Une sobriété, un ascétisme qui par d'autres cotés se révèle remarquable et qui donne son empreinte à la série dont le genre ne manque pas de récits où à l'inverse les lecteurs croulent sous les détails jusqu'à parfois s'y perdre.
    Une planche de bandes dessinées reprenant les première scènes de "Spiris, le chant de la pierre" signée Stephane Reynaud, des cartes, et des esquisses de divers artistes (Véronique Girot, Romain Lubière et Manoël Verdiel), autant d'éléments qui terminent de donner corps devant nos yeux à cette odyssée mystique fascinante.
    Ce livre interpelle encore plus que les précédents volets notre spiritualité au travers l'omniprésence du divin dans son intrigue. Le thème est récurrent dans la Fantasy. L'approche qui en est faite ici rappelle dans un premier temps quelque peu ce que l'on peut voir par exemple chez Moorcock (La série "Corum") mais s'en distingue de façon plus qu'originale.
    L'écrivain démontre avec brio que c'est l'Homme qui reste malgré tout maître de son destin, voir plus!
    On referme ce roman en paix avec soi-même et prêt à retrousser ses manches! "Spiris et le souffle infini" fait parti de la sélection du Prix Rosny Ainé 2010. Une excellente initiative que l'édition de cette trilogie par les Editions Quintessence et on espère entendre très prochainement reparler de Pierre Louis Besombes et pourquoi pas de Spiris.

    Note: 8/10


    Ludo


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  • "Spiris et le Souffle Infini" sélectionné par les lecteurs au Prix Rosny Aîné pour le meilleur roman de science-fiction 2010.

    Prix Rosny Aîné

    Si vous avez aimé Spiris et si vous souhaitez voter, il faut envoyer votre courriel à

    mailto:joseph.altairac@wanadoo.fr

    en copiant si vous le souhaitez le texte suivant:

    Je vote au Prix Rosny Aîné 2010 pour "Spiris et le Souffle Infini" de Pierre-Louis Besombes.


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  • Une émission sur Robin en ligne, en 3 volets, "les Rencontres du Président", présentée par Jo Benigno, président de l'association David contre Goliath et réalisée par une nouvelle chaîne du web, Web13tv, avec l'interview exclusive de l'avocat de Robin, Maître Gilbert Collard.

    Emission de WebTV13 


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  • De nombreux lecteurs sont venus ce mardi 19 janvier 2010 pour soutenir Robin Richard et ses parents qui étaient présents. Les livres de la trilogie Spiris ont été dédicacés par l'auteur et vendus au profit de ce jeune garçon touché par la foudre en 2007. Ce dîner littéraire du restaurant Don Corleone à Marseille a été bien chargé en émotion.

    Pierre-Louis Besombes avec les parents de Robin, Bruno et Annick Richard et à droite l'auteur Eve Carmignani. Eve Carmignani
     
     
    L'auteur de la trilogie Spiris aux côtés des organisateurs Jean-Claude Romera, auteur, à gauche, Alfred Mauro et Sophie à droite.
     
    L'auteur aux côtés de deux participantes à cette soirée Agnès et Gaëlle, à droite.
     

    "Nous allons bientôt ramener Robin chez nous"

    Publié le lundi 25 janvier 2010

    Annick et Bruno Richard font le point sur l'état de santé de leur fils et confient leurs espoirs

     Chaque jour depuis mars 2007, Annick et Bruno Richard se rendent au chevet de leur fils Robin, actuellement hospitalisé à l'institut Valmante de Marseille.

    Robin va mieux

    "Avant, quand on lui parlait, il y avait toujours un moment où il "décrochait", où il n'était plus avec nous. Aujourd'hui, il est tout le temps avec nous, il nous écoute, ses yeux nous suivent et nous sourient, il comprend tout ce qu'on lui dit et ce qu'on lui demande".

    Annick et Bruno Richard en sont certains : Robin, leur fils de 17 ans, frappé par la foudre lors d'une sortie scolaire en mars 2007, est sur la voie de la guérison. "Nous envisageons très bientôt de le prendre un après-midi par semaine, le samedi ou le dimanche, à la maison. Vous rendez-vous compte que Robin n'a pas revu sa maison depuis bientôt trois ans?" Sur la table de la cuisine, le couple a étalé les photos les plus récentes du fils absent. "Là, c'est à Noël, vous voyez ses yeux tandis que sa soeur Morgane ouvre son cadeau. Là, il est avec sa mère, et là avec son jumeau, Maxime", détaille Bruno. "Hier, à la promenade, il a souri à une plaisanterie que je lui faisais sur sa façon de s'emmitoufler dans sa couverture", ajoute Annick.

    Et Bruno d'affirmer, "c'est comme une forte anesthésie qui se dissiperait tout doucement, Robin revient chaque jour un peu plus parmi nous". Tous les jours, le couple quitte Vitrolles en début d'après-midi pour se rendre à l'autre bout de Marseille, dans les quartiers Sud, où se trouve l'institut de rééducation Valmante. "À 16heures, ils le mettent dans un fauteuil roulant. Pendant une heure, nous allons dans le parc de l'établissement. Ensuite, nous rentrons à sa chambre, nous discutons, nous lui passons des vidéos de ses amis, de sa famille. Son esprit, son intellect est resté intact. Il lit les messages compliqués que nous inscrivons sur une ardoise, il y répond, par gestes de la main".

    L'appel aux spécialistes

    Bruno et Annick font une entière confiance aux équipes de l'institut de Valmante où leur fils a été transféré après 15 mois au centre de Hyères. "Ils s'en occupent à merveille, chaque jour, ils le font travailler, il fait des progrès quotidiens. Il a repris du poids et n'a plus de ces douleurs qui le terrassaient". Mais en parents exigeants et attentifs, ils en veulent "raisonnablement plus". "Robin respire par un tuyau dans sa trachée-artère et s'alimente par un tuyau dans son estomac. Nous savons qu'il peut tout faire lui-même. L'obstacle, le seul obstacle, c'est sa bouche, grand ouverte, qu'il ne peut pas fermer", argumentent les parents. Depuis le 29 mars, la bouche du jeune homme est restée tétanisée dans l'horreur du foudroiement. "Les muscles se sont crispés, tirant la mâchoire inférieure à l'arrière et lui interdisant la déglutition".

    Annick et Bruno sont en quête d'une équipe de stomatologues intéressés par le "cas" Robin, ils se tournent actuellement vers un groupe aixois. "Nous avons un deuxième motif d'espoir, le voici: actuellement, Robin est traité comme s'il avait eu un accident vasculaire cérébral ou un trauma crânien. L'origine de son mal, le foudroiement, n'est pas prise en compte. Or, il existe des spécialistes de l'électrofulguration, à Paris par exemple, il y a le professeur Jean Cabane".

    Avec l'aide de tous

    Créée en avril 2007 par des proches de la famille, Max Blanc le prof de gym du collège de Beauvoir organisateur du raid à VTT, et par la danseuse Ingrid Mériau, voisine des Richard, l'association Robin Richard a été la première à organiser la solidarité autour de Robin. Plusieurs soirées ont été mises sur pied qui ont permis de venir en aide à la famille.

    Les Truckers du Coeur à Martigues, David et Goliath à Gignac, d'autres associations ont étendu le mouvement. Depuis, l'histoire de l'adolescent foudroyé au soelil a par la grâce d'Internet fait le tour de la planète. "Il nous arrive parfois de recevoir des messages des États-Unis, du Canada, des gens qui nous donnent des conseils et nous envoient des amitiés".

    C'est à Marseille que s'est manifestée la dernière action de solidarité en faveur de Robin. Mardi dernier, au restaurant Don Corleone près du Vieux Port, l'écrivain Pierre-Louis Besombes a vendu les livres de sa trilogie Spiris au profit de l'association. 300€ ont ainsi été collectés.

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    Bientôt trois ans

    Le 29 mars 2007 dans un gîte d'étape de Trets, un groupe d'ados vitrollais arrive à destination après une journée dans la campagne aixoise. Pour les collégiens de Simone-de-Beauvoir, c'est le deuxième jour d'une virée qui doit leur faire découvrir à VTT tout le département. Mais aux environs de 17h, pour Robin, tout va s'arrêter. Sous un grand soleil printanier, la foudre soudain s'abat sur l'adolescent qui ramasse du bois pour le repas du soir. Plongé dans un profond coma, Robin est transporté aux urgences pédiatriques de la Timone.

    Il y reste trois mois, puis il est transféré au centre San Salvadour de Hyères, dans le Var, qui accueille les enfants comateux. En janvier 2008, ses parents qui n'ont jamais passé un jour sans se rendre à son chevet, décèlent les premiers signes de réveil, mais il faudra attendre le mois de juin 2008 pour que sa sortie du coma soit officialisée et le mois de juin 2009 pour que Robin puisse quitter San Salvadour pour l'institut de rééducation marseillais Valmante où il se trouve aujourd'hui. L'ado avait 14 ans quand l'éclair venu des cieux a fracassé sa vie. C'est un jeune homme de 17 ans que ses parents, son frère jumeau Maxime et sa soeur aînée Morgane, 19 ans, se préparent à ramener chez eux après trois ans de douleur, d'espoir et de lutte permanente contre les lourdeurs du système médical et sanitaire français.


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    La galère du quotidien

    Pour Annick et Bruno Richard, la situation est sans cesse plus difficile. Après 13 mois de congé pour enfant malade, Annick, employée de la chaîne de grande distribution Casino, s'est mise en congé maladie sans rémunération. Bruno, lui, a repris son travail de facteur le 15 octobre, après un an de congé maladie.

    Le 17 novembre, sa tournée postale (Le Fouquet-Maillane-Le Rocher) a été supprimée dans le cadre de la réorganisation "Facteurs d'avenir" de La Poste, au grand désespoir des habitants de ces quartiers qui ont été 350 à signer une pétition de protestation adressée à la direction départementale de La Poste.

    En vain. Bruno Richard est désormais facteur remplaçant. Après deux mois aux Pins, il vient d'être muté sur une "tournée paquets" sur le centre de Vitrolles. "Une tournée qui comprend La Plaine et le centre urbain. Je commence à 6h30 le matin, je finis à 14h30 ou 15h au lieu de 12h45 qui est notre horaire normal. Je fonce à la maison. Pas le temps de manger, un café seulement, et à 15h30 on prend la route de Marseille, à 16h on est à Valmante. Le matin, je me lève à 3h30 pour rédiger les dizaines de courriers - papier et Internet - que je fais chaque jour pour Robin. Le soir, je m'écroule de fatigue à 9heures".

    Pour pouvoir concilier sa vie professionnelle et sa nécessaire présence auprès de son fils mais aussi auprès de Maxime et Morgane les autres enfants du couple, Bruno a décidé de quitter son métier de postier, "que j'ai vraiment beaucoup aimé" pour un autre secteur de la fonction publique. "J'ai demandé au nouveau maire, Loïc Gachon, la possibilité d'intégrer le personnel municipal. J'ai été reçu par son cabinet, un long entretien sur ma motivation. Maintenant j'attends, je suis confiant".

    Colette AUGER



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