L'été a été difficile puisque mon cousin Christophe a choisi de quitter la vie. Il avait 40 ans et laisse deux petites filles. Je milite depuis quelque temps pour une association qui s'occupe de la prévention du mal-être chez les jeunes. L'ironie du sort, c'est que cette association s'appelle : Christophe. Comme un dernier message ? Mon dernier livre paru en juin 2010 traite comme par hasard de ce phénomène des coïncidences.
En travaillant sur la réédition du tome I : "Spiris, le Chant de la Pierre" je me suis souvenu d'un passage qui traitait de cette douloureuse question. Je vous le livre ici. A toi Christophe, je suis sûr que la lumière guide tes pas de l'autre côté du voile.
Le maître Karan s'adresse à Spiris :
"-Je vais te raconter une histoire sur le soi qui te fera réfléchir. Une lune, un homme qui ne se supportait plus, se détestait tellement qu’il avait décidé de mettre fin à ses lunes. Ce qu'il fit. En traversant la mort, il tomba alors dans une autre vie. Ce qu'il y vit lui plût. Mais vis-à-vis de lui-même, son attitude ne changea pas, il continuait à se mépriser. Il ne pouvait pas s'accepter tel qu'il était. Une fois de plus, il décida de se supprimer. Il naquit à nouveau dans une autre vie. Là aussi, son mal-être perdurait, il ne pouvait plus se supporter. La représentation qu’il avait de lui-même était très noire. Il était son meilleur ennemi. Il se supprima encore. Il croyait à chaque fois que l’ailleurs serait meilleur. Et s’il n’y avait rien dans l'au-delà, au moins il n’existerait plus. Cette lutte avec lui-même cesserait. Progressivement son âme, la seule partie de lui qui survivait d'existence en existence, en vint à se poser des questions. Elle se fit inconsciemment la réflexion suivante : plus je change de vie et moins je me change. Plus les vies défilent et moins je m'accepte. Pourquoi ne pas stopper cette fuite de la vie puisque je vivrais toujours, puisqu'il n'y a que la vie partout et encore ? Où que je sois, je me retrouve. Où que j’aille, je renforce l’image désastreuse que j’ai de moi. Je ne peux me détruire indéfiniment. Ce moi que je fuis, je le retrouve sans cesse, comme s’il était immortel. Alors que si je l'acceptais tel qu'il était, dans cette vie où je me trouve, peut-être se transformerait-il ? Et c'est ce que fit son âme. En ne se fuyant plus, elle s'était rencontrée. En se trouvant, son mal-être et la noirceur de son ego disparurent. Elle s’était métamorphosée et rentra en harmonie avec elle-même et l’univers.
- Quelle est la morale de cette histoire ? demandai-je sous le charme.<o:p></o:p>